Comment ça se passe chez vous, la préparation des soupers? Chez moi, c’est parfois un véritable casse-tête! Il faut dire que j’ai un garçon à tendance végétarienne, un deuxième essentiellement carnivore et un homme qui oscille entre le paléo et le kéto! Évidemment, y en a toujours un à qui le repas ne convient pas! Sauf quand je prépare du pâté chinois. Allez donc savoir pourquoi! Ce « plat national québécois », selon le journal Le Devoir, n’est ni végétarien, ni paléo, ni kéto et pourtant il fait l’unanimité à tout coup! Il faut dire qu’au fil des ans, j’ai su améliorer à ma façon le traditionnel « steak, blé d’Inde, patates » pour lui donner un air de fête!
Le pâté chinois n’a jamais été mon mets préféré. Quand je mangeais celui que ma mère préparait, je le trouvais sec et sans goût. J’y ajoutais une tonne de ketchup pour le rendre agréable en bouche (désolée maman, tu fais, de loin, la meilleure tarte aux pommes de l’histoire des tartes aux pommes, mais côté pâté chinois, on repassera). Vous devinez donc que dans ma vie de jeune couple, le pâté chinois n’était jamais au menu. Il avait été relégué quelque part dans un coin sombre de ma mémoire. Quand je suis devenue maman à mon tour et que j’ai commencé à chercher des plats nourrissants qui combleraient les appétits sur plusieurs repas, il est soudainement réapparu… comme par magie!
Je me souviens encore de la première fois où j’ai préparé un plat de pâté chinois. C’était bien avant les préoccupations végétariennes de mon plus vieux et les essais culinaires de mon amoureux. Les enfants le mangeaient en silence… et ils en ont même redemandé. Pourtant, c’était bel et bien la même recette que ma mère nous préparait. Je n’en revenais pas. Qu’est-ce qui rend un mets si simple aussi populaire?
Est-ce les ingrédients? Est-ce sa facilité de préparation? Son faible coût? En fait, c’est peut-être un peu de tout cela! J’ai donc tenté, au fil de mes préparations, de le transformer afin de le rendre plus goûteux, sans toutefois le dénaturer. (J’aime bien quand les enfants mangent sans rechigner!)
J’ai donc entamé sa métamorphose en le faisant gratiner avec un mélange de cheddar et de mozzarella, question de tester ma nouvelle idée. Yes! Étape 1 réussie! J’ai ensuite tenté la même expérience, mais cette fois avec du Reblochon (j’ai toujours aimé le goût du fromage avec celui des pommes de terre). Quoi faire maintenant avec cette viande assez fade? Et si je la préparais avec une bonne sauce brune? Et là, je ne vous raconte pas tous mes essais! Avec ou sans champignons, sauce du commerce, sauce maison, sauce BBQ ou plus épicée, bref, j’ai laissé aller mon imagination et j’ai obtenu des résultats somme toute assez concluants. J’ai même osé proposer des versions végétariennes avec des lentilles ou du tofu fumé émietté. Une fois la surprise passée, ils ont adoré! Ma version préférée est celle dans laquelle je remplace le bœuf haché par de la chair de saucisse : une texture similaire, mais un goût qui sort de l’ordinaire. Ce qu’il y a de bien avec les saucisses, c’est la variété qui s’offre à nous! On peut donc en faire pour tous les goûts!
Je me souviens d’avoir déjà essayé une version cocktail avec une rondelle de saucisse, une mini galette de maïs et une noisette de pomme de terre en purée. Aussi, à Noël, j’ai tenté une version pour le moins originale dont j’avoue être assez fière. Après avoir fait cuire des pommes de terre au four, je les ai coupées en deux et vidées. J’ai mis la chair en purée avec du fromage à la crème. Par la suite, j’ai garni les pelures de viande hachée, de maïs et de pommes de terre que j’ai ensuite fait gratiner. C’était succulent et amusant à la fois. Mes invités ont trouvé l’idée intéressante, mais mes enfants m’ont dit préférer la version plus traditionnelle.
Parlant de tradition, saviez-vous qu’on ne connaît pas réellement l’origine du pâté chinois? Jean-Pierre Lemasson y a même consacré un livre entier en 2009, Le mystère insondable du pâté chinois. C’est fou, non? On lui reconnaît des cousins dont le hachis parmentier français, le shepherd’s pie écossais ou le cottage pie britannique, mais son origine est floue et plusieurs hypothèses se bousculent au portillon.
La première souvent citée est celle des ouvriers majoritairement asiatiques qui auraient été nourris essentiellement de bœuf, de pommes de terre et de maïs durant la construction du chemin de fer pancanadien au 19e siècle.
Selon une autre théorie, le mets serait un dérivé de la China pie, spécialité locale de la ville de South China, dans le Maine, où de nombreux Canadiens français auraient séjourné au 19e siècle quand le travail manquait de ce côté-ci de la frontière.
Certains évoquent aussi le pemmican comme ancêtre du pâté chinois : un plat de viande, de gras et de petits fruits séchés. D’autres s’amusent à penser que le pâté d’échine de porc, de blé d’Inde et de navet des débuts de la colonie en serait l’origine. De pâté d’échine à pâté chinois, il n’y a qu’un pas!
Moi, c’est vraiment le mot « chinois » qui me chicote, pas vous? Avec du maïs, j’aurais appelé cela « pâté amérindien » ou quelque chose du genre… Mais pourquoi « chinois »? À cause de sa couleur? À cause de la ville de Lachine qui a été baptisée ainsi à la suite d’une expédition quelque peu manquée de Cavelier de La Salle et d’où le fameux pâté chinois pourrait être originaire?
Peut-être que la réponse est encore plus simple que tout cela, mais nous ne la connaissons pas, du moins pas encore!
Bref, vous penserez à tout cela la prochaine fois que vous cuisinerez un hachis parmentier agrémenté de maïs. Je suis curieuse de savoir quelles sont vos recettes familiales. Quel petit détail en fait le délice de votre famille? Mon beau-papa, lui, le mange toujours avec des marinades, du ketchup aux fruits ou du ketchup aux zucchinis. N’hésitez pas à nous partager vos idées et suggestions et… bon appétit!